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Navigation en Manche

Après quelques jours passés à Nieuwpoort, bien nécessaires pour remettre le bateau en ordre sur base des enseignements de la navigation précédente, il était temps pour nous de reprendre la route. Avec un détail de taille, cette fois-ci, nous allions naviguer seuls pour la toute première fois. Du début à la fin, de ponton à ponton, pour tout ce qui allait nous arriver, nous allions devoir compter uniquement sur nous-mêmes.



Nous avons donc relu quinze fois le guide de navigation pour préparer notre itinéraire, étudié par cœur toutes les balises et bancs de sables présents dans les environs et vérifié les prévisions météo environ 50 fois. La stratégie était décidée, le bateau prêt et nous aussi. Au moment de larguer les amarres, un pic d'adrénaline nous envahit mais Sabali nous emmenait le long du chenal vers la mer et le vent a vite fait de mettre de l'ordre dans nos idées. Nous envoyons les voiles, elles se comportent comme elles sont censées se comporter et la mer nous ouvre son passage vers l'ouest et surtout vers un nouveau pays sur notre itinéraire: la France. Le zoning industriel de Dunkerque apparait au loin, la pluie tombe dru et nous enchainons les virements de bord afin de faire avancer notre voilier contre le vent.


La pluie s'intensifie mais le chenal d'entrée se rapproche. Voilà que nous sommes déjà en train de manœuvrer dans le port et que le vent nous pousse gentiment contre le ponton. Nous allons profiter de la présence des magasins spécialisés pour acheter toute une série de pièces afin de continuer à améliorer notre voilier et de le préparer à toute éventualité. C'est également notre dernière escale en Mer du Nord telle qu'on la connaît avant de s'enfoncer dans la Manche et puis l'Océan Atlantique.



Boulogne-sur-Mer et Dieppe


Pour notre troisième étape, nous allongeons un peu la distance et nous élançons pleins de bonne volonté. La Manche s'élargit au fur et à mesure et nous espérons ne plus être pris dans un convoi de voiliers dans un chenal étroit.


A Boulogne, lors de la sortie de notre emplacement du port, un voilier vient nous couper la route et nous oblige à manœuvrer dans un espace restreint le temps qu'il finisse sa manœuvre à lui. Non content de nous pourrir dès le début de la journée, il nous colle de trop près durant toute la sortie du chenal de Boulogne, alors que le vent s'y engouffre et que la mer se forme petit à petit! On l'appelle à la VHF mais il n'a pas l'air d'assurer sa veille... Bref, on préfère certains marins dans un autre port que nous. On file au large dès que nous sortons de l'avant-port, l'autre n'a pas l'air de prendre le même cap que nous, ouf!


Le reste de la navigation se passe plutôt tranquillement, Yegor court partout dans le cockpit pour essayer de mieux régler les voiles mais c'est un art qui ne s'apprend pas en quelques jours de navigation et nous devons nous contenter d'avancer avec une grande voile (GV) qui vibre ci et là, mais au moins on avance!


Le vent se lève petit à petit et c'est avec deux ris dans la GV et au près que nous finissons notre étape. On affale les voiles aux pied des falaises et rentre dans le joli port de Dieppe. Une manœuvre pour le moins engagée plus tard, nous sommes sagement amarrés et pouvons aller explorer la ville.


La paroisse surplombant Dieppe nous marque tout particulièrement par ses plaques à la mémoire des disparus en mer couvrant une période de plus de 70 ans. Des dizaines de plaques partout sur les murs témoignant des familles déchirées, des parents, époux ou amis partis trop vite, engloutis par une mer déchainée ou fourbement attaqués par une mine vestige de la 2nde guerre mondiale. Le reste de la soirée se passe dans un étrange silence où nous digérons ce que nous avons pu voir plus tôt dans la journée...


Fécamp


Après avoir digéré le triste rappel à la réalité des dangers de la mer, nous repartons à l'aventure, bien déterminés à faire de notre mieux pour mettre toutes les chances de notre côté.



C'est donc par une journée ensoleillée et par très faible vent que nous entamons la traversée vers Fécamp. Le vent forcit peu à peu, nous essayons toujours vainement de régler nos voiles de sorte à en être satisfaits mais le bateau avale les milles et les vagues pour nous porter vers notre prochaine destination.


Sur place, nous avons la chance d'assister à un spectacle son et lumières projeté sur les falaises au coucher de soleil. La mer a ce côté magnétique qui fait que même après une journée de voile, on peut inconsciemment se diriger vers la plage et y passer une heure à contempler cette vaste étendue s'embrasant sous les dernières lueurs de la journée. Quelle chance nous avons de pouvoir côtoyer ce milieu au quotidien!



Un gentil voisin de ponton partage avec nous le fruit de sa pêche du matin: on se voit gratifiés de 4 beaux maquereaux que Yegor essaye de lever en filet. Le résultat visuel pourrait être plus convainquant mais Marlenë fait parler tout son talent de chef pour nous proposer un plat délicieux! Nous en profitons aussi pour faire notre lessive dans les machines publiques. Manque de bol, la nôtre était défectueuse et il s'en est fallu de peu pour que nos vêtements ne soient pas éjectés sur le parking du supermarché alors que la machine était en plein cycle d'essorage. Heureusement qu'il y avait la glace que nous nous étions offerte pour maintenir notre moral à flots! On cherchera une alternative pour la prochaine lessive en tous cas.



Cherbourg-en-Cotentin


Pour notre plus longue navigation depuis le début du voyage, on s'élance aux aurore afin d'essayer d'arriver pas trop tard à Cherbourg. Les courants de la pointe Barfleur ne nous laissent guère le choix également! Le réveil pique donc un peu mais l'air frais du large chasse les derniers bâillements.



Pour la première fois depuis le départ, nous voyons la terre s'évaporer peu à peu à l'horizon et nous nous retrouvons entourés de l'eau à perte de vue. Quel drôle de sentiment de se savoir dans une zone de navigation les plus denses au monde (la Manche) et en même temps avoir l'impression d'être seuls au monde. L'alarme de l'AIS (appareil qui détecte les autres bateaux et qui nous prévient si nous faisons une route de collision) nous rappelle cependant la réalité de l'endroit où nous sommes et nous passons notre temps à louvoyer pour éviter tel cargo ou tel tanker qui pullulent dans la région!


Le temps passe et nous revoyons la terre, c'est la pointe Barfleur. Heureusement, nos estimations étaient correctes et le courant est favorable! Contents de notre vitesse et de notre bateau, nous continuons d'avancer vers le port de Cherbourg quand nous apprenons que celui-ci est fermé pour cause de régate. Des amis navigateurs rencontrés plus tôt dans le voyage (Ulf et Monica de Windy Sailing) nous assurent cependant qu'il reste quelques places et qu'il est possible de venir s'y amarrer pour la nuit. Cela tombe bien, nous voulons juste passer la nuit et puis nous diriger vers les iles Anglo-Normandes. On s'y fraie donc un chemin, amarre Sabali et s'écroule dans un sommeil réparateur car le lendemain, une belle étape nous attend: le cap de la Hague et ses courants légendaires.



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