Ça y est, c'est le grand jour! Après des mois de travail éreintant, de doutes, de victoires mais aussi de défaites, le jour du départ est enfin arrivé. Sabali est prêt pour affronter ses premiers milles nautiques sous notre commandement, les autorités fluviales sont au courant de notre route, l'équipage est au complet, il n'y a plus qu'à tourner la clé dans le démarreur. L'émotion nous serre la gorge, les mots qu'on voudrait formuler à ceux qui sont venus nous dire au revoir sont futiles tant ils ne représenteront jamais la douleur que nous ressentons de les quitter... Mais comme disait notre ami marin Fred, avant l'heure c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure. Il est l'heure et nous quittons donc le BRYC qui nous a hébergé durant cette année. Le monde s'offre à nous, à condition de bien négocier les ponts et les écluses qui nous séparent encore de la mer.
Comme prévu, une météo typiquement Belge nous accompagne, avec ses averses, ses accalmies, mais sous un ciel si gris que nous croyons voir le canal se pendre. Nous avançons mieux que prévu et nous retrouvons à Anvers en début d'après midi. Les courants sont favorables et nous décidons de pousser jusque l'étape suivante, plus proche de l'embouchure.
Seulement, voilà, le port que nous visions est complet et notre étape s'en trouve rallongée de beaucoup plus, nous estimons notre nouvelle heure d'arrivée à 23h. Les premiers imprévus de la vie de marin nous tombent sur la tête alors même que nous ne sommes pas encore en mer!! Mais haut les cœurs, le ciel se découvre peu à peu, le canal s'élargit et on sent déjà les embruns de la mer nous mordiller le visage. Un arc-en ciel nous récompense de notre patience. Il ne reste que quelques milles à parcourir, le ciel s'assombrit, cette fois dû au coucher de soleil et c'est sous la lueur blafarde de la lune que nous rentrons dans le port de Breskens. Par chance, une belle place nous attend au ponton visiteur, ce qui permet d'accoster relativement facilement. Le bateau est amarré, nous poussons un grand ouf de soulagement, notre première journée de navigation s'est bien passée. Résultat des courses: une petite griffe sur le côté du panneau solaire dû à une mauvaise manipulation dans une écluse, un pantalon trempé par la pluie mais deux étapes franchies en une seule journée. On peut parler de bilan positif!
Blankenberge
Pour notre deuxième journée de navigation, le même équipage de choc nous accompagne: Vincent, Marina et Fabrizio. Au menu: sortir de l'Escaut pour goûter enfin aux joies du large! Contrairement à la journée précédente, nous aurons également le loisir de naviguer aux voiles ce qui représente un premier gros test pour notre Sabali bien aimé. Nous quittons le port, hissons les voiles et savourons le silence qui s'abat sur le cockpit une fois le moteur coupé.
Les gens du ponton viennent nous aider à nous amarrer, le soleil brille et l'équipage en profite pour se relaxer à bord du bateau. Les familles et amis viennent nous rendre visite le soir et nous en profitons pour faire un joyeux repas tous ensemble. On procède également à un changement d'équipage: Vincent, Marina et Fabrizio regagnent leurs vies de terriens et Sam nous rejoint pour une étape supplémentaire. Quelle chance nous avons d'être si bien entourés! Le vent fraichit mais la navigation reste agréable, l'équipage se sent bien et Vincent s'affaire au réglage des voiles afin d'optimiser le rendement de notre voilier. Les milles s'enchaînent et nous voici proches de Zeebruges, un port maritime important. Il faut, en plus de faire attention au vent et aux vagues, absolument éviter de gêner les mastodontes d'acier qui rentrent et sortent à la queue leu leu de la rade du port. On sent la tension monter d'un cran dès que nous nous engageons dans le chenal. Une fois celui-ci traversé, les sourires regagnent les visages et la vie à bord reprend. Mais voilà, Blankenberge approche et nous rentrons dans le port.
Les gens du ponton viennent nous aider à nous amarrer, le soleil brille et l'équipage en profite pour se relaxer à bord du bateau. Les familles et amis viennent nous rendre visite le soir et nous en profitons pour faire un joyeux repas tous ensemble. On procède également à un changement d'équipage: Vincent, Marina et Fabrizio regagnent leurs vies de terriens et Sam nous rejoint pour une étape supplémentaire. Quelle chance nous avons d'être si bien entourés!
Nieuwpoort
Pour notre troisième étape, nous prévoyions une navigation relativement courte car notre ami Sam devait rentrer à Bruxelles en fin de journée pour reprendre le travail. Cependant, comme nous l'apprendrons bien assez vite, les petites journées en mer n'existent pas et une navigation de 20 milles doit être envisagée et préparée aussi sérieusement qu'une navigation de 400 milles. La météo prévoit un vent de face (on appelle ça du "près") de force modérée mais nous décidons tout de même de changer de voile pour en mettre une plus petite et plus costaude à l'avant, le "solent". Nous nous élançons et une fois en mer, constatons bien vite que le vent est plus fort que prévu et que notre voile, bien que plus adaptée pour ce type de météo, n'est pas tout à fait bien réglée car certaines pièces d'accastillage n'étaient pas présentes à bord de Sabali. Nous essayons tout de même d'adapter notre voilure au maximum et courbons l'échine face aux éléments. Les voiles claquent au vent, le bateau grimpe sur les vagues, s'enfonce et repart au combat aussitôt.
Lors d'une manipulation de réduction de voilure, nous nous rendons compte qu'une poulie cruciale nous a lâché et nous empêche d'envoyer ou d'affaler la grande voile. Non réparée, cette avarie peut entrainer de graves conséquences à bord d'un bateau pour peu que le vent forcisse (ce qu'il était en train de faire!). Yegor s'élance au pied de mât et tire de toutes ses forces sur le bout (mot marin pour désigner la corde) pour le libérer. Après quelques essais, celui-ci se donne et nous pouvons affaler la grande voile et soulager un peu notre gréement.
Pour les milles restants, nous décidons de rentrer au moteur car nous nous rendons compte que l'accastillage ne nous permet pas de gérer de manière efficace la météo dès que le vent forcit un peu. Nous rentrons donc cahincaha à Nieuwpoort, nous amarrons et poussons un grand ouf de soulagement. Cette navigation nous aura bien ouvert les yeux sur l'importance d'être bien équipés. Aucune erreur n'est pardonnée en mer. Encore un énorme merci à Sam d'avoir partagé cette étape et mangé son lot de sel marin avec nous!
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